Fémina (25.04.2020) : Comment digérer les bouleversements actuels ? Ces questions m’étaient posées par une journaliste pour un article-podcast, dont voici la partie podcast :

1. Que se passe-t-il, au niveau psychologique, lorsque nos habitudes sont bousculées de façon si soudaine? Pourquoi est-ce si difficile à accepter pour notre cerveau?

Nous sommes habitués à fonctionner avec des points de repères spatio-temporaires qui nous aident à prioriser les informations perceptives. L’anticipation aide également à cela ce qui permet d’alléger nos ressources attentionnelles. Mais quand tout change du jour au lendemain, c’est à l’immédiat que nous faisons face. Nous pouvons concevoir des changements soudains au niveau intellectuel mais notre système émotionnel, limbique et viscéral, prend plus de temps pour intégrer et doit digérer ces chamboulements à son rythme.

2. Faut-il s’accorder un temps de « digestion » de cette nouvelle réalité ou tout de suite essayer de s’en accommoder du mieux possible?

Oui, je pense que c’est important de prendre ce temps quand tout nous pousse à agir et parfois à se disperser. C’est bien d’agir pour faire face et en même temps c’est important de digérer émotionnellement l’impact de changements majeurs pour ne pas s’épuiser.

3. Quel état d’esprit adopter pour rester calmes et optimistes?

Je pense qu’il est important d’agir et non de réagir. Agir implique plus de recul car le temps a été pris de poser les choses étape par étape, en se libérant d’un sentiment d’urgence. Réagir par l’urgence de façon durable n’aide pas. S’il faut éteindre un début d’incendie en revanche, c’est utile. Nous sommes face à une réalité où nous devons adapter nos modes de vie et c’est important de prendre le temps d’opérer ce changement pour que la transition se fasse au mieux. Ça ne peut pas se faire du jour au lendemain ! J’ajoute aussi que nous vivons une période particulière qui nécessite des adaptations mais c’est bon de se rappeler aussi que ce n’est qu’une période de temps donné et que ça va passer !

4. Que faire ou que se dire, lorsqu’un moment d’angoisse pointe le bout de son nez? (Et comment expliquer que ces instants de blues ou d’anxiété peuvent passer comme par petites vagues durant une journée? Le stress peut-il susciter des réactions à retardement?)

Le stress n’est pas bon ou mauvais en soi. Ce qui est déterminant dans cette réaction c’est la connotation, la couleur qu’on va lui donner. Plus on dramatise une réaction de stress, plus elle s’amplifie. Des moments de stress oui, c’est normal et surtout dans un moment de transition majeure, acceptons-les pour qu’ils passent plus rapidement.

Prenons également des moments pour nous ressourcer et mieux digérer des réactions de stress qui auraient pu s’accumuler, régulièrement, par une activité plaisante. En favorisant le confort, l’échange avec autrui par skype, écouter de la musique, se changer les idées en mettant son smartphone sur off, en ouvrant un fenêtre, en regardant au loin, autre chose qu’un écran.

5. Auriez-vous un conseil pour nos auditeurs, qui essaient de s’adapter au mieux à cette situation?

Je pense que l’être humain a beaucoup de ressources et parfois celles-ci se révèlent dans les moments de stress. Le repos et la tranquillité permettent aussi mieux de les cerner. Utilisons-les en respectant notre rythme individuel, agir mais en sachant que nous sommes en plein processus de changement et que c’est ok. Ça prend du temps. Donc faisons des PAUSES régulières et bien méritées ! Nous ne sommes pas des machines mais des êtres humains avec une tête et un système psycho-émotionnel qui doit pouvoir se reposer.