Quel visage porte le coach aujourd’hui? Un psychologue lausannois s’oppose aux préjugés. Loin d’être un expert, un conseiller ou un gourou, qui est-il ?

Paul Jenny, psychologue et coach, installé à Lausanne, parle de l’accompagnement personnel (life coaching) et s’insurge contre certaines tendances. Il propose une approche plus humaniste que centrée sur la performance à outrance. Il refuse de contribuer à standardiser l’individu. Mais l’amène à se recentrer sur lui-même et ses propres désirs, loin de tout schéma imposé.

Origines du coaching personnel

Le coaching, qui puise son origine dans le sport (cf : annexe), a passablement évolué depuis son avènement. De nos jours le coaching concerne la vie privée. On parle alors de « life coaching », de « coaching de vie » ou d’ « accompagnement personnel ». Dans cette discipline, le coach accompagne (à noter qu’étymologiquement, le mot « coach » vient de l’anglais et signifie « coche » : un véhicule tiré par des chevaux) des individus dans leurs développements, dans leurs avancées.

Quel est le rôle du coach personnel ?

Paul Jenny refuse d’être assimilé à un expert, à un conseiller, à un gourou qui détiendrait la solution miracle pour progresser. Il est persuadé que chaque individu connaît ses propres possibilités de changement, d’évolution. Son travail consiste à s’adapter au cas particulier pour amener ses clients à se poser de nouvelles questions, à prendre conscience de leurs ressources, parfois oubliées dans le tumulte du quotidien.

« Il ne s’agit pas de standardiser les individus en proposant des potions magiques avérées efficaces pour certains (qui ne le seront sans doute pas pour les autres), ni de prôner un idéal de vie sain, valorisé. L’originalité des objectifs dépend de chacun et de ses aspirations. J’invite mes clients à se positionner en tant qu’auteurs de leur propre vie. Evidemment, le contexte dans lequel ils progressent ne leur permet pas toujours d’évoluer à leur guise et peut présenter des obstacles. Je remarque toutefois que l’individu possède en lui des trésors d’adaptation. Il sait se diriger vers son but lorsqu’il sait où aller, lorsqu’il s’approprie son rôle d’auteur. »

Le spécialiste utilise une métaphore au sujet d’un coche pour donner un aperçu de l’accompagnement personnel. Les passagers du coche sont reconnus comme des gens importants (à noter que dans ce processus toute personne est importante) qui se dirigent vers une destination de leur choix. Ils décident du trajet à parcourir, des complications que celui-ci peut comporter, des haltes et arrêts nécessaires ou souhaités. Les passagers savent qu’ils peuvent parvenir à leur destination et, véhiculés par le coche, s’aventurent sur les chemins de la vie. Le cocher (le coach) respecte les choix de destinations et d’itinéraires de ses clients, de même que le temps qu’ils souhaitent accorder au trajet. Ensemble, ils collaborent afin de trouver l’itinéraire le plus adapté. Le coach propose parfois de nouvelles orientations, des raccourcis, ou encourage les clients à ne pas se fier uniquement à la carte topographique qu’ils utilisent pour se diriger, mais plutôt au terrain qu’ils arpentent. Il questionne ses clients pour les amener à réévaluer leur carte du monde, afin que celle-ci soit actuelle et ne date pas de plusieurs années.

Paul Jenny ajoute que le coaching ne vise pas forcément le succès à tout prix, mais aussi l’acceptation de son vécu, de ses réussites, de ses déboires, et de ses désirs.

«J’entends certaines personnes me dire que le coaching concerne seulement la performance. Je crois que cette idée est dépassée. Cette discipline d’adresse à beaucoup d’autres aspects de la vie. A l’inverse, certains me disent que les personnes qui font appel à un coach présentent une faiblesse, celle de ne pas « réussir à réussir » seuls. Je ne partage pas cet avis. Un certain mythe de la performance et l’individualisme poussé à outrance peut nous amener à croire que le fait de s’adresser à quiconque pour vivre mieux nous enlève de notre mérite. Ainsi, il faudrait parvenir à ce que l’on souhaite seul afin d’être reconnu socialement. Je pense que c’est une restriction énorme. Le coaching personnel constitue une opportunité fabuleuse. Celle d’être entendu et accompagné pour ce que l’on souhaite réaliser. Il ne s’agit en rien de recevoir des soins comme ce pourrait être le cas d’une consultation chez un médecin ou un thérapeute. C’est être reçu en tant qu’être humain dans ce que nous avons de plus humain : le désir de réaliser nos buts. »

Annexe : origines du coaching personnel [retour]

Le début des années 80 voit l’avènement du coaching, discipline qui se développe dans les milieux sportifs. Le rôle du coach est alors d’amener l’athlète à améliorer ses performances en se fixant des objectifs. Dans cette optique compétitive, le sportif se prépare à un défi afin que celui-ci soit vécu de manière optimale. Il doit être le meilleur.

Au cours des années qui suivent, le coaching s’applique au domaine des entreprises afin d’optimiser les compétences des employés, de les préparer à de nouvelles responsabilités, de concilier des points de vue divers, de les orienter vers une nouvelle carrière.

Aujourd’hui, le coaching a évolué et s’adapte à la vie privée. Le life coaching, bien qu’issu de deux milieux où la performance est importante, se démarque d’eux et s’impose comme une discipline où l’individu et sa réalisation occupent une place centrale.